Selon l’UNHCR, l’agence de l’Onu pour les réfugiés, le nombre des réfugiés syriens à l’étranger ou des déplacés à l’intérieur du pays, fuyant la guerre alimentée par les puissances occidentales et les horreurs des armées islamistes, a atteint plus de 4 millions. Soit la crise la plus grave de ces dernières décades.
Les réfugiés syriens ont fui vers les pays voisins, Liban (1,2 million), Jordanie (630 000), Irak (250 000), Égypte (130 000), en Afrique du Nord (25 000) et en Turquie (2 millions) alliée de l’Arabie saoudite et des Occidentaux dans la guerre contre la Syrie, son gouvernement et son peuple qui devait être une guerre éclair visant à la chute de Bachar al-Assad. Elle dure depuis plus de quatre ans maintenant et a pris des proportions que les Occidentaux ne contrôlent plus.
Un sixième de la population totale de la Syrie a, donc, fui le pays et 230 000 Syriens ont été tués depuis 2011, selon les estimations de l’Onu. Les déplacés à l’intérieur du pays qui bénéficient des fonds de l’Onu et considérés au même titre que les réfugiés par l’UNHCR, représentent 7,6 millions de personnes. À Alep la martyre, 90 % des 3 millions d’habitants en 2011 ont abandonné leur maison. Dans les dix derniers mois, le nombre des déplacés a augmenté de plus d’un million.
Les Occidentaux et leurs alliés en quête de « régimes démocratiques arabes » n’ont donc, réussi qu’à transformer la plus grande partie du Moyen Orient en « épicentre de la pire crise humanitaire de l’Histoire ». En Afghanistan, en 1992, les rapports de l’Onu faisaient état de 4,5 millions de déplacés et réfugiés en dix ans. Une guerre également initiée par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. « C’est la population (syrienne) de réfugiés la plus importante pour un seul conflit en une génération. Cette population mérite le soutien du monde, mais à l’inverse, elle vit dans des conditions dramatiques et est plongée toujours plus profondément dans une pauvreté abjecte », a déclaré le Haut Commissionnaire de l’Onu pour les Réfugiés, Antonio Guterres dans une déclaration officielle.
Seule une minorité a été accueillie dans des camps de l’Onu, les autres vivant dans des bidonvilles et des ghettos aux confins du Liban, de la Jordanie et des villes turques. 750 000 enfants – la moitié du total estimé d’1,5 millions, n’a aucun accès à la scolarité, selon le rapport, tandis que l’UNHCR n’a pu réunir que 4 milliards de dollars, soit 25 % de son objectif, les États-Unis et l’Europe n’ayant versé que moins des 25 % demandés par l’Onu.
En 2015, la moitié des « réfugiés de la Méditerranée » sont des Syriens, d’autres passent par la Libye en risquant leur vie, confrontés aux trafiquants d’humains, au vol, au viol et à l’esclavage. D’autres sont soumis à la violence des contrôles et de l’internement de masse imposés par les gouvernements européens entre autres qui pensent régler le problème par des moyens militaires. D’autres encore, bloqués à la frontière turque, se retrouvent sans défense, pris dans la guerre pour le contrôle de la frontière entre les groupes islamistes et kurdes.
Le nombre de réfugiés dans le monde a explosé ces deux dernières années. On en comptait 60 millions en décembre 2014 contre 20 millions durant les quatre dernières années. Un phénomène qui, outre les conflits armés, est le résultat des choix impérialistes des pays occidentaux en matière de politique internationale et de coopération, imposant aux peuples les plus fragiles des conditions de vies inhumaines. Mais la stratégie américaine et alliée ne change pas malgré l’évidence des échecs : toujours plus de militaire, toujours plus d’agressivité. Jusqu’où ?