Une lecture rapide du discours d’investiture du président Bachar al-Assad fait apparaître chez lui une confiance en soi de plus en plus marquée et un mépris manifeste pour « ses ennemis ». Il y adresse des mises en garde contre l’extension du feu terroriste qui ne va pas, avertit-il, tarder à brûler ceux qui l’ont allumé. Qu’est-ce qui a changé et quelles sont les raisons de cette confiance revigorée ? Pourquoi enfin n’a-t-il stigmatisé dans son discours que le premier ministre turc Erdogan et le Prince Bandar Bin Sultan ? Lire le discours ci-dessous.
L’observateur qui a suivi de près le discours d’investiture du président syrien Bachar al-Assad le mercredi 16 juillet, consécutif à sa prestation de serment constitutionnel pour son troisième septennat, ne peut qu’être frappé par la confiance accrue qui l’anime et le sentiment de soulagement et d’optimisme qu’il exprime quant à l’évolution de la situation en Syrie même et dans son environnement régional.
Le président syrien a voulu, dans ce discours, envoyer plusieurs messages à son opinion publique et au monde extérieur. Il a confirmé la justesse de la stratégie qu’il avait adoptée dès le déclenchement de la crise, à savoir le bien-fondé de la politique de la poigne de fer qu’il avait utilisée contre ses opposants, la réalité de la « théorie du complot » dont il n’avait de cesse de mettre en garde les « révolutionnaires » qui voulaient le renverser, dans le sang, avec l’aide des États-Unis et des Arabes, notamment les monarchies du Golfe.
L’arrivée du président Al-Assad vers le Palais du Peuple, seul et sans gardes ou escortes, après avoir emprunté d’un pas assuré la cour extérieure et passé en revue la garde d’honneur, suivant un code protocolaire minutieusement préparé avant de pénétrer enfin dans une salle comble où l’attendaient tous les ministres, les membres du parlement et les dignitaires du régime, ont constitué un signal fort. Il voulait signifier qu’il n’est pas un président apeuré cloîtré dans des salles obscures ou des tunnels et des sous-sols de peur d’être assassiné. Il a donné l’image d’un président qui se déplace naturellement, exactement comme le font tous les chefs d’État, sans peur ni inquiétude. Cette solennité marque un changement notable par rapport à la situation qui prévalait il y a à peine un an.
La carte maîtresse que détient désormais le président syrien entre ses mains est incontestablement celle du « péril terroriste » qui est aujourd’hui à la tête des priorités de l’agenda des acteurs régionaux et internationaux. Elle s’est substituée à une autre « priorité » brandie par ces mêmes acteurs et qui consistait à renverser son régime. Car la montée en puissance de l’État islamique et son contrôle militaire de vastes territoires en Syrie et en Irak, l’inquiétude que cette montée en puissance a fait naître chez certains pays de la région comme l’Arabie saoudite, la Jordanie, la Turquie, le Liban et Israël, en plus de l’effondrement sécuritaire et étatique de la Libye, et de l’aggravation des conflits sectaires et ethniques en Irak, autant de facteurs et des développements qui servent le régime du président Bachar al-Assad et qui contribuent à alléger, voire supprimer, les pressions dont il faisait l’objet.
Il n’était pas surprenant que le président syrien mette l’accent dans son discours sur ces développements, répétant le mot « terrorisme » plus de sept fois, mettant en garde contre sa propagation. « Les pays qui soutiennent le terrorisme, avertit-il, auront à payer un lourd tribut. » Et d’ajouter : « Nous avions prévenu depuis le début des événements de la présence d’un plan qui ne s’arrêtera pas en Syrie, mais débordera ses frontières vers les autres pays, car le terrorisme ne reconnaît pas de frontières ». Et pour conclure, il a accusé sans équivoque des États arabes et occidentaux de soutenir le terrorisme.
La confiance en soi clairement manifeste dans ce discours, tout comme les piques lancées à l’adresse de ses ennemis interviennent dans une conjoncture où les projecteurs ne sont plus braqués sur la crise syrienne. D’autres points chauds accaparent désormais l’attention médiatique telle la situation en Irak et en Libye ainsi que l’agression israélienne contre la Bande de Gaza. À cela il convient d’ajouter l’état déplorable des diverses factions de l’opposition, autant politiques qu’armées, qui se déchirent entre elles et qui traversent la crise la plus grave de sa brève histoire. Ce qui lui a fait perdre le soutien extérieur, particulièrement américain. Par ailleurs, certains pays, comme l’Arabie saoudite et le Qatar, les principaux soutiens arabes de cette opposition, commencent à réaliser que les chances de voir le régime tomber s’étaient rétrécies comme peau de chagrin, voire complètement disparu. La montée en puissance de l’État islamique, idéologiquement et militairement pourrait se retourner contre eux et constitue une réelle menace pour leur sécurité nationale.
Le président Al-Assad évoquait ses « pourfendeurs », Arabes et non-Arabes, avec une maligne moquerie à peine dissimulée en persiflant deux de ses adversaires nommément cités. Le premier à mériter cette raillerie n’est autre que Recep Tayyip Erdogan, le premier ministre turc. Ce fanfaron, dit-il, voulait libérer la Syrie pour pouvoir prier dans la Mosquée des Omeyyades à Damas, mais il n’avait pas envie d’aller prier dans la Grande Mosquée d’al-Aqsa à Jérusalem occupée. Concernant la Bande de Gaza, il s’est transformé en un agneau docile ».
Le deuxième personnage qu’il a persiflé est le prince saoudien Bandar Bin Sultan également critiqué le prince Bandar bin Sultan, qu’il a traité de « soumis » et d’« agent ».
Le président syrien n’a pas pu cacher, dans ce discours une « amertume » inhabituelle à l’égard de M. Erdogan. Cela s’explique par le fait qu’il était auparavant un ami proche et un grand soutien avant de se retourner contre lui pour devenir le fer de lance du « plan » ou de la « conspiration » visant à renverser le régime syrien en transformant la Turquie en une principale base arrière pour le transit des combattants, des armes et de l’argent pour alimenter les divers fronts contre le régime syrien. Il lui en veut également pour le soutien illimité qu’il a apporté – et qu’il apporte toujours – aux Frères musulmans qui ont élu leur siège à Istanbul d’où ils mènent leurs activités.
Il est difficilement imaginable que le président Bachar al-Assad qu’il oublie les déclarations humiliantes proférées par M. Erdogan à son égard, au début de la crise, quand il l’avait attaqué avec méchanceté prévoyant, à plusieurs reprises, que ses jours sont comptés.
Qu’on le veuille ou pas, le président al-Assad – et son régime – est presque sorti de la souricière dans laquelle il se débattait depuis des années. Il ne se sent plus aussi menacé qu’il l’était auparavant. Ce n’est pas le cas de ses adversaires parmi les États et les factions de l’opposition qui avaient juré sa perte. Ils traversent actuellement une mauvaise passe et leur situation empire chaque jour davantage.
Cela explique sans doute l’état de soulagement qui se dessinait sur son visage pendant qu’il s’adressait aux Syriens, se permettant de temps en temps de sortir de son texte écrit pour faire quelques commentaires sarcastiques. Il n’est pas dit cependant que la partie est complètement gagnée. La route est encore longue, cahoteuse et parsemée de champs de mines qui peuvent exploser à tout moment. Dans une zone aussi enflammée que le Moyen-Orient, comme c’est le cas aujourd’hui, rien n’est définitivement acquis.
Principaux extraits du discours d’investiture
Le vrai révolutionnaire, c’est le peuple syrien
Le président syrien Bachar al-Assad a entamé son allocution en rendant hommage au peuple syrien en ces termes : « Dignes Syriens, vous êtes le peuple libre et révolutionnaire, pendant trois ans d’aucuns ont parlé en votre nom, en lançant le fameux slogan « le peuple veut » Certes le peuple a voulu… trois ans sont passés lorsque certains ont crié pour la liberté, ce sont vous qui êtes les libres en ces temps de la soumission, qui êtes les souverains en ces temps des collaborateurs… »
« La boussole est de nouveau devenue claire pour ceux qui avaient été déboussolés, qui avaient perdu la vision soit par ignorance soit par manipulation. Les visages hideux se sont finalement dévoilés au grand jour, après avoir fait tomber les masques de la liberté et de la révolution, pour afficher leurs canines avec lesquels ils déchirent le corps syrien, en massacrant, en détruisant, en dévorant les cœurs, en égorgeant les gens et en décapitant les corps… ils ont utilisé les moyens les plus sales, les procédés les plus abjects et les plus perverses… Mais ils ont échoué. »
Les élections, référendum pour la souveraineté
Évoquant le dernier scrutin électoral qui a eu lieu le 3 juin dernier, il souligne que : « les élections n’étaient pas un simple processus politique. Elles étaient pour nous une déclaration de loyauté pour la patrie et de défense de la légitimité et la dignité du peuple… La grande participation a été un référendum en faveur de la souveraineté contre le terrorisme… Pour de nombreux Syriens, ces élections étaient comme une balle tirée dans le cœur des terroristes et ceux qui sont par derrière eux… Les millions de voix ont prouvé que tous les empires de la politique, de l’argent des médias et du pétrole ne valent rien devant une position patriotique. À travers vos voix, vous n’avez pas seulement triomphé des terroristes, mais aussi de tous les collaborateurs syriens qui leur ont accordé une couverture politique, et vous avez aussi abattu leurs maîtres, les auteurs réels de ce projet, dont les grandes puissances et les autres pays qui leur sont soumis… ».
« Ils peuvent nuire, certes, mais ils ne peuvent en aucun cas réussir. Ils sont capables de nous menacer mais jamais de nous faire peur », a-t-il affirmé.
À cet égard, il a rendu hommage aux deux autres candidats aux élections et salué tous ceux qui ont participé aux élections.
Une sale guerre
Le président syrien a de même salué toutes les familles syriennes affectées par la férocité de la guerre menée contre la Syrie, qu’il a taxée de « la plus sale des guerres ». « Nos sommes un peuple que la brutalité des circonstances rend plus prompts au défi », a-t-il toutefois insisté.
Le président syrien s’est également prononcé sur la nature du conflit en Syrie : « Ce qui se passe n’est pas une offensive contre des personnes ou contre des gouvernements (..,) mais contre la structure de l’État, son rôle, la pensée de ses fils. Le but est de les transformer en moutons téléguidés à distance et divertis dans des conflits interminables, au lieu de se préoccuper de la concrétisation de leurs ambitions et de leur prospérité ».
L’Occident, colonisateur, allié des rétrogrades
« L’offensive n’avait pas pour but de débarrasser le peuple des aspects négatifs dont ils souffraient comme certains naïfs lui ont fait croire, ils sont certes bien heureux de voir les aspects négatifs dans une société arabe, parce qu’ils s’emploient à ce qu’elle reste sous-développée pour mieux la soumettre.
La preuve en est qu’ils sont dans la région les alliés des États les plus rétrogrades, les plus corrompus et les plus oppresseurs de leurs peuples. Ils ne sont pas lésés par nos lacunes, mais par notre patriotisme souverain. Ils ont visé l’identité nationale arabe, ils ont visé le véritable islam, la chrétienté originelle, la cohabitation singulière dans notre société, tout ce qui a distingué la Syrie à travers des décennies. L’occident colonisateur n’a pas changé, il est toujours colonisateur par essence, même si ses instruments changent. Si l’Occident et ses outils parmi les gouvernements arabes échouent dans leurs plans, ceci ne veut pas dire qu’ils cessent de harceler la Syrie… »
Les « fanfaronnades » d’Erdogan
« Notre vision a été claire dès le début de l’offensive. Vous vous souvenez des réactions qui l’ont mise en doute ou qui n’était pas convaincue par ce que je disais. Ils refusaient le terme plan… Ce n’est que trop tard qu’ils se sont rendu à l’évidence que ce qui se passe dans le pays n’a rien à voir avec des revendications justifiées d’un peuple opprimé, ni avec les manifestations qui réclament liberté et démocratie mais qu’il s’agit d’un grand plan qui concerne toute la région…
Cela a commencé avec l’invasion de l’Irak, que nous avions alors rejetée catégoriquement non pas par fanfaronnade, la politique syrienne n’apprécie pas les fanfaronnades. Celles-ci nous poussent à affronter le monde sans motif et avec témérité, à l’instar de note frère Erdogan qui veut libérer le peuple syrien de l’injustice et dit qu’il rêve de prier dans la mosquée omeyyade (Damas) mais lorsque survient l’affaire de Gaza, il est tout autre, il est comme un petit agneau qui a besoin du sein de sa mère et n’ose pas dire qu’il souhaite prier dans la mosquée d’Al-Aqsa (à Jérusalem occupée)….
Nous avons refusé l’invasion de l’Irak parce que nous refusions la consécration de la division et du communautarisme, nous étions préoccupés par ce qui se concoctait et voilà que c’est fait et nous en payons un lourd tribut ».
Un terrorisme transfrontalier
Selon le numéro un syrien, le plan ourdi contre la Syrie ne s’arrêtera pas à la Syrie : « il la franchira par la propagation du terrorisme qui ne connaît pas de frontière. C’est ce que nous voyons aujourd’hui en Irak, au Liban et partout ailleurs où a sévi le mal du pseudo Printemps (en allusion au Printemps arabe). C’est la preuve tangible de ce que nous avions prévenu à plusieurs reprises. Nous allons bientôt voir comment les États arabes, régionaux et occidentaux vont payer cher leur soutien au terrorisme. Ils ne comprendront que trop tard que la bataille dans laquelle le peuple syrien est engagé pour défendre sa patrie dépasse les frontières de son pays… ».
Selon lui, il ne faut pas attendre que l’Occident comprenne l’ampleur de ce qui se passe pour agir : « Fallait-il que nous attendions trois années avec tous les prix payés à cause de cette courte vue, avec tous les sacrifices qui en ont découlé avec le sang de nos fils, pour notre économie, notre sécurité et notre réputation, pour découvrir que ce qui se passe vise toute la partie, et que ce qui se passe n’a rien à voir avec « un Printemps arabe »… Fallait-il que nous attendions dix années pour comprendre que l’invasion de l’Irak allait apporter avec elle le terrorisme et la partition de notre région… Fallait-il que nous attendions 30 ans pour que les bourreaux et les dévoreurs des cœurs humains viennent ici et pour découvrir que l’exploitation de la religion et le terrorisme ne font qu’un ? L’expérience des Frères des diables (en allusion aux Frères musulmans de la Syrie) n’était-elle pas suffisante… Si les leçons contemporaines et celles du passé ne peuvent nous enseigner, nous ne pourrons jamais rien apprendre ni protéger notre patrie ni dans le présent ni dans l’avenir… celui qui ne peut protéger son pays, ne mérite pas d’y vivre…
Solution purement syrienne
Le président syrien a par la suite mis l’accent sur la solution purement syrienne de la crise et sur la voie double adoptée pour mettre fin au conflit : « frapper le terrorisme et amorcer les réconciliations locales avec tous ceux qui veulent se détourner du faux chemin qu’ils ont pris… -dès le début j’étais persuadé que la solution serait purement syrienne, sans rôle pour l’étranger sauf s’il est sincère.
Pour ceux-là l’État est comme la mère tendre qui peut se mettre en colère contre son fils désobéissant mais finit par lui pardonner ses fautes, s’il se repentit sincèrement. Nombreux sont ceux qui ont jeté les armes puis sont retournés dans les rangs de l’armée et sont tombés en martyrs pour défendre leur patrie. Je réitère mon appel à tous ceux qui ont été dupés de jeter les armes car nous n’arrêterons jamais de combattre le terrorisme là où il se trouve pour rétablir la sécurité à toutes les régions syriennes.
Les traîtres, les agents et les corrompus sont exclus, le pays s’est débarrassé d’eux et ils n’ont plus de place au pays chez les Syriens… Quant à ceux qui attendent la fin de la guerre à l’extérieur, ils se font des illusions, la solution politique est basée sur des réconciliations internes »…
Dialogue national : sur tout, mais pas avec tous
En plus des réconciliations locales, Assad a expliqué les contours le processus de dialogue national entamé avec les différentes forces politiques et partisanes du pays.
« C’est un dialogue sur l’avenir, sur la forme de l’État dans tous les domaines sans exception. Il discute de tout ce qui a trait et n’a pas trait à la crise, sur ce qui l’a précédée et ce qui en a découlé… Ce dialogue n’englobe en aucun cas les forces qui ont fait preuve de manque de patriotisme, ni celles qui ont fui le dialogue à ses débuts, ni celles qui ont misé sur le changement de l’équilibre des forces et qui lorsqu’elles ont perdu leur pari décident de changer leur position pour ne pas être dépassées… Ni ceux qui ont collaboré, nous ne dialoguerons pas avec eux en tant que des Syriens mais comme les représentants de pays pour lesquels ils ont offert leur loyauté ».
Refusant l’utilisation du terme de « guerre civile » donné au conflit syrien par certaines parties, pour légitimer d’après lui le terrorisme, le président syrien a toutefois assuré que c’est tout de même grâce à des Syriens, même s’ils étaient minoritaires, que la guerre s’est basée. « Sans eux, l’entrée en jeu des terroristes étrangers et l’ingérence étrangère politique, économique et militaire n’auraient jamais eu lieu, ni l’atteinte à la souveraineté du pays », a-t-il déploré.
Le manque d’éthique, la mère des vices
En plus de l’ignorance, Assad a fustigé le manque d’éthique et de morale comme cause profonde de cette crise qui a détruit le pays : « C’est l’absence d’éthique qui détruit les lois, méprise l’honneur et vend les patries… le résultat en est l’anéantissement des peuples. Le développement des peuples ne peut se fonder sur les lois exclusivement, en dépit de leur importance. Les lois et la morale sont indispensables, mais les lois ne peuvent faire évoluer la morale, si ses graines n’étaient semées au préalable au sein de la famille et de la société », a-t-il dit « Sans morale, il n’y a pas de sentiment patriotique et le service public perd sa fonction… Nous devenons des personnes égoïstes qui ne cherchent qu’à réaliser nos intérêts au détriment de ceux des autres, comme de nombreux qui ont profité de la situation pour s’enrichir à l’insu des besoins vitaux des gens, qui les ont fait chanter et les ont pillés. Même sans avoir pris les armes, ils sont comme les terroristes »….
La corruption… patriotique
Dans son discours, le président syrien a consacré une partie importante à la corruption (l’un des raisons pour laquelle le mouvement de protestation avait éclaté en Syrie) et de la nécessité de l’affronter : « Qu’il s’agisse de corruption financière ou administrative, les deux enfantent la corruption la plus dangereuse, la corruption nationale qui crée des gens prêts à vendre leur patrie et le sang de leurs compatriotes pour celui qui paie plus ».
Assad a énuméré les différents moyens pour éradiquer cette corruption, dont entre autres, la réforme administrative dans les institutions étatiques, le développement des méthodes de l’enseignement, la promotion des institutions religieuses éducatives, et le rôle primordial des médias. Il a aussi accordé un rôle essentiel pour la famille et la société
« La lutte contre la corruption sera notre priorité dans la phase prochaine aussi bien dans les institutions étatiques que dans toute la société. C’est une responsabilité qui incombe à chaque responsable et à chacun d’entre nous. Nous devons la déraciner… Nous allons combattre la corruption à travers les lois et l’éthique, nous allons consolider le travail institutionnel, en instaurant l’égalité des chances et en éradiquant les collusions… ».
Après avoir évoqué les destructions qui ont touché la plupart des domaines vitaux en Syrie, Assad a assuré que la reconstruction sera le mot d’ordre de l’étape prochaine, dans tous les domaines économiques, et tous les secteurs, et appelé toutes les catégories du peuple syrien d’y participer assurant que le but est de subvenir aux besoins de tous.
Le pseudo Printemps
Le président syrien n’a pas omis de replacer les événements syriens dans le contexte régional, et celui du Printemps arabe.
« C’est votre endurance qui annonce la mort de ce qu’ils ont nommé faussement le « Printemps arabe » et qui a rectifié la boussole. Si ce Printemps arabe avait été réel, il aurait commencé par les États les plus rétrogrades, si la révolution était réellement celle d’un peuple qui aspire à la liberté, la démocratie et la justice, elle aurait dès le début éclaté dans les états qui exercent la tyrannie et le despotisme.
Or elle est promue par les États qui sont derrière la catastrophe qui s’est abattue sur notre nation et qui sont derrière toutes les guerres qui lui sont infligées, derrière sa perdition idéologique religieuse et morale. Ce sont ces États qui sont derrières l’exploit le plus important de l’Occident et derrière le succès d’Israël et sa continuité dans la région. La preuve en est leur position vis-à-vis de ce qui se passe à Gaza. Où est donc le sens de l’honneur dont ils ont fait part avec la Syrie, ou avec le peuple syrien, comme ils l’ont prétendu. Pourquoi ne soutiennent-ils pas Gaza en argent et en armes, comme ils l’ont fait pour la Syrie ? Où sont donc leurs moudjahidines ? Pourquoi ne les envoient-ils pas pour défendre les gens en Palestine ? Pour connaître la réponse, nous devrions savoir que ce qui se passe à Gaza aujourd’hui n’est pas un événement à part…
Depuis l’occupation de la Palestine et jusqu’à l’invasion de l’Irak et toutes les tentatives de le diviser sans oublier la partition du Soudan, c’est une série d’événements complémentaires, leurs planificateurs sont les Israéliens et l’Occident, c’est une évidence pour nous, mais leurs exécuteurs ont toujours été les États du despotisme, de la tyrannie et du sous-développement ».
Ces États arabes responsables de la catastrophe de la Nation
À ce stade, le président syrien n’omet pas de placer la crise syrienne dans le contexte historique, un rappel qui dévoile des réalités amères :
« Parlons de faits. N’est-ce pas (le Saoudien) Abdel Aziz Ben Abdel Rahmane al-Fayçal qui a concédé aux Britanniques en 1915 qu’il était partant pour donner la Palestine aux pauvres juifs ?.. Ce ne sont pas ces États qui ont exhorté l’Occident et Israël à mener la guerre de 1967 pour se débarrasser du phénomène de Jamal Abdel Nasser qui menaçait alors leurs trônes. Ce ne sont pas ces pays-là qui soutenaient l’Iran du chah et ont décidé de se détourner de ce pays dès lors que (nouveau) le gouvernement iranien a décidé de soutenir après la révolution la cause palestinienne et de transformer l’ambassade d’Israël en celle de la Palestine ?
N’est-ce pas ces États qui ont soutenu le parti de frères sataniques en Syrie ? Ce ne sont pas ces États qui ont proposé l’initiative de paix du roi Fahd en 1981 aux Palestiniens et les ont menacés d’un bain de sang s’ils la rejettent, et lorsque les Palestiniens l’ont rejetée, il y a eu l’invasion du Liban en 1982 et l’expulsion des Palestiniens de ce pays ?
Ce ne sont pas ces mêmes États qui nous ont sorti en 2002 leur proposition de paix avec Israël, formée de trois mots : la normalisation en échange de la paix, et qui a été rectifiée pour l’initiative arabe de Beyrouth et qui a été totalement rejetée par le premier ministre israélien Ariel Sharon qui avait alors dit qu’elle ne mérite pas l’encre avec lequel elle a été écrite et qu’une offensive a été menée contre les Palestiniens tuant des centaines d’entre eux, surtout à Naplouse et Jénine. Et lorsqu’Israël a agressé le Liban en l’an 2006, ce ne sont pas ces pays-là qui ont dit par la voix d’un certain Saoud que ces résistants étaient des aventuriers et qui a fait pression sur l’Occident et Israël pour ne pas accepter un cessez-le-feu avec la résistance ? »
Liquider la cause palestinienne
Selon Assad, cette série d’événements a pour seul but de liquider la cause palestinienne. « Tout l’argent qui a été payé avait cela comme but final… ils font la même chose à Gaza comme en Syrie. Là-bas à travers le terrorisme israélien, et ici à travers ces terroristes venus de 83 pays », dit-il.
« Tous ceux qui croient qu’ils peuvent vivre en paix s’ils s’écartent de la cause palestinienne doivent se détromper. Elle restera la cause centrale… Nous savons que toutes les politiques du monde concernant cette région sont intrinsèquement liées à ce qui se passe en Palestine… nous devons faire la distinction entre le peuple palestinien résistant et ceux qui portent le masque de la résistance pour servir leurs propres intérêts… Sinon nous servirions les objectifs israéliens… le fait de croire que nos crises sont internes et n’ont rien à voir avec ce qui se passe en Palestine nous pousse à prendre de fausses décisions ».
Hommage au peuple et à l’armée…
Tout en saluant le peuple syrien « résistant qui a redonné à la révolution son véritable sens », Assad s’est engagé à libérer le gouvernorat de Raqqa des mains des terroristes (l’État Islamique), ainsi que la ville d’Alep.
Il a aussi rendu hommage à l’armée syrienne, dans toute sa hiérarchie, ainsi que les forces de défense populaires qui l’ont assistée, et les parents de ceux qui ont sacrifié leurs fils.
Hommage aux « fidèles de la Résistance libanaise », à l’Iran, la Russie et la Chine
Assad n’a pas non plus oublié de remercier « les fidèles de la résistance libanaise, ces héros qui se sont rangés aux côtés des héros de notre armée et ont mené les batailles les plus honorables des deux côtés de la frontière et ont donné des martyrs pour défendre l’axe de la résistance. Nos salutations pour tous ceux qui ont estimé que la défense de la Syrie équivaut à celle du Sud-Liban ».
L’Iran, la Russie et la Chine ont également eu leurs lots des remerciements du président syrien : « Ces pays ont respecté la volonté du peuple syrien durant trois années et ont défendu les lois internationales sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires internes », explique-t-il.
Derniers mots : je serai toujours l’un de vous
Avant de clore son discours M. Assad en a appelé le peuple syrien à faire face aux menaces : « Syriens honorables… les défis sont importants et nos missions sont grandes… nos ennemis sont des fourbes mais notre volonté est forte… par notre volonté nous saurons transformer l’épreuve en un don… Quand bien même le prix que nous avons payé a été exorbitant, nos exploits devraient être encore plus importants. La nouvelle étape a d’ores et déjà commencé et nous sommes prêts, car la Syrie mérite de nous tous nos efforts pour que nous nous mettions à la besogne…
Je resterai la personne qui fait partie de vous, qui vit parmi vous, qui s’inspire de vos opinions et de votre conscience ; je resterai avec vous, main dans la main… la Syrie restera à jamais fière, forte, résistante et impénétrable par les étrangers. Nous resterons à jamais, nous les Syriens, sa protection invincible pour que triomphe sa dignité »
Traduit de l’arabe par Afrique Asie
Source : https://www.raialyoum.com/?p=122592