Il y aura bien un référendum au Burkina pour modifier l’article 37 de la constitution et permettre ainsi à l’actuel président, Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans, de briguer un autre mandat à la tête du pays. Après avoir laissé planer le doute deux années durant, Compaoré s’est enfin dévoilé le 10 mai dernier, lors d’un meeting à Réo, dans la région du centre-ouest. « Nous avons choisi de donner la liberté à tous les Burkinabès. Mais surtout, la liberté de faire le choix parce que nous sommes majoritaires dans ce pays. Et cette majorité va imposer les choix qui vont nous conduire sur le respect de ses engagements partagés par la majorité » avait déclaré le président Compaoré. Une initiative qui a fait sortir l’opposition de ses gonds, celle-ci promettant une grave crise dans le pays si le chef de l’Etat mettait son projet à exécution.
Mais Compaoré n’est pas prêt de renoncer. Le timing de son intervention a été particulièrement bien choisi. Sa déclaration est intervenue, en effet, à un moment où des dissensions ont éclaté au sein de l’opposition, laquelle ne parle plus d’une seule voix. Le camp Zéphirin Diabré a quelque peu perdu de sa verve, face aux ex-compagnons de Compaoré qui ont créé leur propre front. Dans le camp de ces barons déchus, ce n’est pas la sérénité, non plus. Certains d’entre eux s’en sont allés créer un parti dans le parti. Un désordre qui ne peut profiter qu’à Compaoré qui redoute davantage la réaction de la rue.