Alors que la dernière phase des négociations de paix conduites par l’Algérie s’ouvre le 20 novembre, les discussions entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord offrent une chance unique de parvenir à un accord de paix durable. Elles ne doivent pas être précipitées.
Tandis que le Nord du Mali connaît un regain de violence, et que des groupes radicaux influents qui manquent à la table des négociations sont tentés de faire dérailler le processus par la violence, le gouvernement malien et les groupes armés participants aux discussions peinent à trouver un terrain d’entente. Dans son dernier briefing, Mali : dernière chance à Alger, l’International Crisis Group s’appuie sur son rapport de janvier 2014, tire les leçons des erreurs passées et fournit des recom-mandations en faveur d’une sortie de crise.
Les conclusions et recommandations principales du briefing sont :
– Les acteurs engagés dans les négociations doivent tirer les leçons des précédents accords, qui présentaient de nombreuses lacunes : les fonds manquaient pour une application rapide ; les mécanismes de garantie internationale n’ont pas joué leur rôle d’alerte ; et la question des relations entre l’Etat central et les régions du Nord a éclipsé celle, cruciale, des équilibres locaux.
– L’équipe de médiation internationale – Algérie, Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), Union Africaine, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Organisation de la coopération islamique, Union européenne, Mauritanie, Niger et Tchad – doit prévoir un dispositif de garantie internationale pour veiller au financement et à l’application du futur accord de paix, et inclure un mécanisme de contrôle international des fonds conjointement avec les autorités locales compétentes.
– Plus l’absence de l’administration se prolonge au Nord, plus il sera difficile de restaurer pleinement la présence de l’Etat. Tout accord de paix doit offrir aux différentes communautés du Nord un accès équitable à la représentation politique et aux services publics, ainsi qu’une participation au dispositif sécuritaire. Le processus de paix doit également être assorti de consultations populaires et d’un mécanisme de validation solennelle par le parlement malien et/ou les régions concernées.
– L’Algérie et la France doivent, au-delà de leur relation ambigüe entre coopération et rivalité, unifier leurs efforts autour d’un accord de paix solide. Une fois les négociations achevées, l’équipe de médiation internationale devrait se préparer à devenir un groupe de contact responsable du dispositif de garantie internationale de l’accord.
« Il est crucial de maintenir l’élan présent plutôt que de céder à la tentation d’un accord à minima garantissant la sécurité à court terme », affirme Jean-Hervé Jezequel, analyste principal pour l’Afrique de l’Ouest. « La signature d’un accord de paix n’est pas une fin en soi mais elle constitue une étape décisive dans le rétablissement durable de la paix ».
« Les violences qui affectent le Nord du pays et les difficultés de l’élite politique malienne à engager une réforme profonde de la gouvernance rendent d’autant plus nécessaires la réussite du processus d’Alger », ajoute Rinaldo Depagne, directeur du projet Afrique de l’Ouest. « Ce dernier doit déboucher sur la signature d’un accord de paix à la fois réaliste et ambitieux ».
International Crisis Group (ICG)
https://www.crisisgroup.org/en/publication-type/media-releases/2014/africa/mali-last-chance-in-algiers.aspx?alt_lang=fr&;utm_source=mali-briefing&utm_medium=2fr&utm_campaign=mremail