En réaction à la volonté du président de se maintenir au pouvoir via la modification de la constitution, les forces vives du pays se sont mises en ébullition.
Sans conteste, le Burkina se trouve dans une phase charnière de son histoire : soit le pays bascule dans la dictature et l’anarchie, soit il se libère à jamais de la monarchie dans laquelle le président veut l’entrainer. Après vingt-huit ans de pouvoir en effet, le président est décidé à modifier la constitution au profit de sa propre candidature en 2015. Mais c’est sans compter avec la colère populaire qui monte et se généralise.
L’heure est à la désobéissance civile dans les villes et campagnes. Le ton a été donné par les femmes de manière spontanée. Elles qui étaient toujours réduites à du bétail électorale, sont montées au créneau à la veille de la marche-meeting de l’opposition le 28 octobre. Munies de leurs spatules, symboles de la puissance féminine, les femmes ont défié l’interdiction du maire de la ville de Ouagadougou à la faveur d’une marche suivie de meeting conduite par Saran Sérémé, unique femme leader de parti politique au Burkina. C’est un fait inédit. Cet engagement des femmes va faire tâche d’huile.
Depuis deux semaines également, des jeunes sillonnent les quartiers pour crier leur colère à travers des caravanes de motos, de barricades sur la voie publique et autres actions sporadiques qui vont jusqu’à des visites surprises devant le domicile des ténors du régime. A toutes ces étapes, l’hymne nationale est cantonnée en guise d’engagement et de patriotisme.
L’armée, toujours considérée comme la grande muette, commence à sympathiser avec les jeunes manifestants à qui certaines soldats susurrent être d’accord avec leurs actions.
La presse à travers plusieurs éditorialistes a déjà lâché Blaise Compaoré. Les seuls organes qui lui accordent encore le minimum de crédibilité sont que lui ou son entourage ont créés et qui font depuis toujours ses louanges.