C’est probablement, selon les participants et la presse sud-africaine, la plus importante manifestation qu’ait connue la ville du Cap : plus de 100 000 personnes (200 000 pour certains organisateurs) ont défilé samedi 8 août en solidarité avec le peuple palestinien et appelé l’État d’Israël à mettre fin à son offensive militaire dans la bande de Gaza. Le 3 août, 10 000 personnes avaient manifesté en soutien aux attaques israéliennes.
La manifestation était organisée par la Coalition nationale pour la Palestine (NC4P) qui regroupe plus de 30 organisations religieuses et civiles, des syndicats et des partis politiques dont le Muslim Judicial Council, la COSATU et l’Alliance des jeunes de l’ANC.
Pendant toute la semaine, la Coalition avait exigé « une action décisive du gouvernement sud-africain contre les attaques israéliennes, les massacres, les déplacements et la destruction de la bande de Gaza ». Elle demandait, également, une enquête internationale sur le comportement des forces armées dans le territoire palestinien.
Alors que selon les derniers rapports, près de 2000 Palestiniens – selon l’ONU, 1350 civils dont de nombreux enfants et femmes – ont été tués par l’armée israélienne, depuis le début des opérations militaires, il y a un mois, de nombreux manifestants du Cap, dont des groupes de femmes, vêtues en rouge, vert, noir et blanc, les couleurs du drapeau palestinien, exigeaient, également, que « le gouvernement sud-africain arrête les ventes d’armes à Israël. » En effet, en début de semaine, le ministre de la présidence Jeff Radebe évitait de répondre aux questions sur la position exacte du gouvernement à l’égard des demandes de boycottage des importations en provenance d’Israël, du refus de rappeler l’ambassadeur sud-africain en Israël et de renvoyer celui d’Israël en Afrique du Sud. Il rappelait à des journalistes que le président Jacob Zuma avait envoyé deux émissaires spéciaux en Palestine. « Nous voulons la paix au Moyen-Orient, a-t-il déclaré, nous nous engageons à faciliter la résolution du conflit. Telle est la position du gouvernement sud-africain. » Jacob Zuma avait appelé Israël, le 20 juillet, à se retirer de la bande de Gaza, tout en renvoyant les deux parties dos à dos.
En Afrique du Sud, la campagne Boycott Divestment and Sanctions a été lancée il y a plusieurs mois par Rosnie Kasril, l’un des historiques de l’ANC et du Parti communiste qui a quitté ces organisations pour désaccord politique profond. Elle prend une nouvelle dimension aujourd’hui et rappelle aux dirigeants sud-africains l’impact décisif qu’a eu la campagne internationale de sanctions pour faire tomber le régime d’apartheid. « Zuma a la mémoire courte !» est devenu l’un des slogans. La chaine Woolworth est particulièrement dans la ligne de mire, après avoir confirmé qu’elle refusait de cesser ses achats de produits israéliens.
D’autres chaines commerciales, comme la populaire Pick-n-Pay sont également visées, même si elles affirment n’importer qu’une infime partie de leurs produits. Mais il est clair qu’en Afrique du Sud comme dans le monde, cette campagne de boycottage, de désinvestissement et pour des sanctions à l’encontre d’Israël sera beaucoup plus difficile à prendre de la force, Israël n’est pas l’Afrique du Sud de l’apartheid, les enjeux sont à la fois plus complexes et plus importants pour les puissances occidentales.