A l’actualité cette semaine, la Fête de la République, les arrestations spectaculaires des terroristes à Sejnane et Menzel Bourguiba, les réactions algériennes et leur impact suite à la visite de Sarkozy, la fin (provisoire) de l’affaire Belloumi, Ben Ticha, Boughediri et Ben Hamida et la libération de Samir El Wafi. Il n’y a rien d’autre ? La loi antiterroriste enfin votée par une majorité de députés responsables et mâtures et la polémique en cours de naissance autour du projet de loi relative à la réconciliation. Pour une fin de juillet bien caniculaire, on ne chôme pas trop en Tunisie… Le pays bouge. Pas toujours dans le bon sens, mais il bouge et c’est déjà une bonne chose.
Pour la Fête de la République, le président Béji Caïd Essebsi est allé à la réception classique du 25-Juillet au Bardo. Les invités étaient triés sur le volet et, comme du temps de la troïka, seuls les amis sont invités. Les « nouveaux amis » précisément, pas les anciens grâce auxquels les Nidaistes sont montés. Ceux-là, pour le moment, ils sont oubliés. On fera certainement appel à eux quand il s’agira de voter utile la prochaine fois. Parmi les nouveaux amis, on voit le londonien Hachemi Hamdi et quelques enturbannés du Golfe, par-ci par-là. Ceux-là mêmes que les Nidaistes moquaient et accusaient de tous les maux, sous la troïka. Elle est belle la République de Nidaa. Nidaa qui, depuis qu’il a gagné les élections, n’a quasiment plus de structures et voit ses militants partir désorientés et déçus, et ses bureaux fermer les uns après les autres. Nidaa qui n’a toujours pas de règlement interne et n’envisage toujours pas d’organiser son congrès. Nidaa dont le SG n’assume pas son invitation à Sarkozy qui n’hésite pas à créer des incidents avec l’Algérie. Quand il était opposant, sur les plateaux télé, Mohsen Marzouk répliquait plus vite que son ombre à ses adversaires politiques. Ses phrases assassines étaient toujours au bout de ses lèvres pour remettre ses vis-à-vis à leur place. Mais face à Sarko, il a dû avaler sa langue. Passons, nous y reviendrons certainement, puisque le nouveau Marzouk vient de s’inscrire dans le concours des hommes politiques qui font le plus de bourdes.
Pour aller au Bardo, depuis Carthage, Béji Caïd Essebsi a emprunté samedi dernier la RN9 (route de la Marsa), la RN8 (route de Bizerte) et le boulevard Mohamed Bouazizi (route X). Ceux qui sont passés par l’une de ses routes, samedi dernier, ont remarqué deux choses. La première est que les drapeaux tunisiens étaient accrochés à tous les réverbères et lampadaires, à l’occasion de ce 25-Juillet. La seconde est qu’il y avait un agent des forces de l’ordre tous les cent mètres, aussi bien à l’aller qu’au retour. Cette image des drapeaux et des agents pointés tous les cent mètres, les Tunisiens ne l’ont pas vue depuis 2010. A l’époque, il n’y avait pas de liberté d’expression, certes, mais il n’y avait pas d’insécurité ou de terrorisme non plus. Revoir ces agents des forces de l’ordre a de quoi rassurer, alors que nous sommes paradoxalement en pleine guerre contre le terrorisme. Revoir ces drapeaux rouge et blanc accrochés a de quoi faire plaisir, quand on sait que la Tunisie était commandée par des gens qui rêvaient d’accrocher des potences et d’autres d’y installer un califat. S’il y a un cadeau à offrir aux Tunisiens, à l’occasion de la Fête de la République, c’est le « retour » de cette sûreté républicaine, celle qui sert la patrie et non les partis. Et ce retour ne s’illustre certainement pas avec des agents pointés tous les cent mètres sur le trajet présidentiel, mais par le coup d’éclat hollywoodien signé la veille à Sejnane et à Menzel Bourguiba. Ce même village de Sejnane était un fief du salafisme depuis 2012. Les autorités laissaient faire et fermaient les yeux. Quand le quotidien Le Maghreb a dénoncé l’existence de tout un émirat à l’époque, il a été « lynché » par les démentis éhontés des gouvernants.
La guerre contre le terrorisme avance. Il y a trois semaines, la nation a reçu un coup très douloureux avec l’attentat de Sousse. A la veille de la Fête de la République, cette même nation a donné deux coups douloureux aux terroristes, les arrestations de Sejnane et la loi antiterroriste enfin votée ! La loi a été votée par une majorité de députés responsables et mâtures. Seuls dix députés ont refusé de l’approuver. Ils n’ont pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de leurs idées en votant contre, mais on sait désormais qui sont les députés qui luttent contre le terrorisme et ceux qui ne luttent qu’en façade. On le savait déjà, pour ces derniers, mais une preuve supplémentaire est toujours bonne à prendre. Pour justifier leur position, ces députés parlent de liberté d’expression, de droits de l’Homme, de peine capitale et tout un vocabulaire pompeux pour faire croire qu’ils sont des anges. On les croirait volontiers si ces mêmes députés appliquaient, à eux-mêmes, leurs propres devises. Au même moment où ils défendent la liberté d’expression, ces partis attaquent quatre journalistes au pénal, en les accusant de falsification et de faux et usage de faux dans une affaire de délit de presse. Après le dessaisissement du juge cette semaine, nous espérons que cette affaire honteuse sera définitivement classée, ne leur en déplaise ! Alors qu’ils ont signé eux-mêmes une constitution refusant d’abolir la peine de mort, ils s’élèvent contre la loi antiterroriste qui la prévoit dans ses textes. Alors qu’ils protestent que le terroriste soit traité comme un criminel différent des autres prévenus dans cette nouvelle loi, ils disaient que Jabeur Mejri croupissait en prison « pour sa sécurité ».
Qu’ils le veuillent ou pas, la lutte contre le terrorisme, contre l’obscurantisme, contre la revanche primaire et contre l’exclusion, continuera. Il est vrai que le gouvernement est faible et affaibli, il est vrai que le principal parti au pouvoir multiplie les bourdes, il est vrai que le moral n’est pas toujours au beau fixe. Mais en dépit de tout cela, la justice et la République vaincront contre ces revanchards obscurantistes, ne leur en déplaise encore une fois. Tant qu’il y aura des patriotes qui préfèrent défendre les intérêts tunisiens plutôt que défendre les intérêts qataris, tant qu’il y aura des patriotes qui ne s’enfuient pas à Paris au moindre problème, tant qu’il y aura des patriotes qui ne jurent que par la République tunisienne et rejettent une Tunisie noyée dans un monde arabe ou dans une Oumma islamique, cette Tunisie républicaine vaincra. Samedi dernier, ces patriotes ont fêté leur République. Lundi prochain, on fêtera l’anniversaire d’Habib Bourguiba. Le modèle que le combattant suprême nous a légué résiste encore grâce à tous les patriotes croyant en son projet de Tunisie républicaine et moderne. Qu’ils appellent à la revanche, qu’ils appellent au califat, qu’ils appellent aux potences et aux terres brûlées, ils demeureront éternellement minoritaires, tout comme ces 10 députés (sur 184 votants) qui n’ont même pas eu le courage de voter non.
Nizar Bahloul
Businessnews
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