Puisque nous sommes entre nous et que personne ne nous écoute, je dirai qu’il n’y a là de révélations que pour les naïfs, car de Gaulle nous a appris depuis longtemps que les États n’ont pas d’amis.
Depuis ce matin, le manège médiatique s’emballe à nouveau à la suite des révélations de WikiLeaks selon lesquelles nos chers amis américains écoutent les présidents de la République, des ministres et même des députés. (« Scandaleux ! » sur de nombreux bancs.) Ce qui prouve d’ailleurs qu’aux yeux de la NSA, les députés valent bien un Président de la République ! (Rires.)
Mais s’agit-il vraiment de révélations ? Puisque nous sommes entre nous et que personne ne nous écoute, je dirai qu’il n’y a là de révélations que pour les naïfs, car de Gaulle nous a appris depuis longtemps que les États n’ont pas d’amis.
Nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours. Nos alliés sont d’abord des concurrents économiques et diplomatiques. Ils ne font aucun cadeau, y compris nos chers partenaires européens. Alors, nos ministres n’ont pas à se répandre sur les téléphones portables et à raconter leur vie. Je dirai même plus. Si, après les nécessaires actions diplomatiques que vous mènerez, monsieur le Premier ministre, pour rappeler fermement à Washington qu’il s’agit là d’écoutes inadmissibles ; si donc nos chers alliés américains jurent, la main sur le cœur, qu’ils ne recommenceront plus, ne les croyez pas, conformément à l’adage de Virgile « Jamais de confiance dans l’alliance avec un puissant » !
C’est à nous, et à nous seuls, de défendre nos intérêts, de nous en donner les moyens, de sortir de notre angélisme, de regarder le monde tel qu’il est et non comme le rêvent les euro- et atlantico-béats.
Monsieur le Premier ministre, allez-vous enfin poser à plat les relations franco-américaines, certes en matière d’écoute, mais aussi en matière d’application extraterritoriale de leurs lois ?
Monsieur le Premier ministre, quelles mesures concrètes allez-vous prendre pour répondre à l’amour pressant que nous portent nos chers alliés américains ?
(Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Les Républicains et quelques bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
* Jacques Myard est député de la nation
Questions au Gouvernement
Assemblée nationale, XIVe législature, Session ordinaire de 2014-2053
Mercredi 24 juin 2015