Le ministre algérien de l’Intérieur a tenté de recadrer le discours distillé ces derniers jours par les dirigeants tunisiens. Tayeb Belaïz, même s’il n’a cité personne, a affirmé jeudi que “le terrorisme n’a pas de nationalité, n’a pas de pays, n’a pas de religion, n’a pas de couleur et n’a pas d’humanisme. Son seul objectif est de tuer et de détruire. Il peut se manifester dans n’importe quel territoire et moi je ne fais pas de différence entre les terroristes, quel que soit leur nom”.
L’attentat du Bardo n’a toujours pas livré tous ses secrets. Au-delà du fait que ce soit le cœur de la Tunisie qui soit touché par cet attentat spectaculaire, il est désormais clair que le pays du Jasmin est, plus que jamais, entré de plain-pied dans une phase où le terrorisme devrait faire partie de ses premiers soucis. Au lendemain de la révolution tunisienne, l’apparition des premiers groupuscules extrémistes, même si elle était inquiétante, n’a pas été prise trop au sérieux. L’assassinat d’opposants politiques et les quelques actes terroristes qui se sont déroulés du côté du mont Châambi n’ont pas été jugés suffisants pour élever le degré d’alerte et admettre que la Tunisie fait, bel et bien, face à une implantation de cellules terroristes sur son sol, et qu’il allait falloir mettre en place une stratégie de lutte, à court, moyen et long terme. C’est que le terrorisme, lorsqu’il s’installe dans un pays, ne peut y être délogé aussi facilement, en tout cas, pas dans l’immédiat. L’ampleur médiatique de l’attentat du Bardo, au-delà du choc provoqué en Tunisie et ailleurs, a poussé les dirigeants tunisiens à s’adonner à des déclarations visant à détourner l’attention de l’opinion publique. Dans ce sillage, le président tunisien est allé affirmer, sur une chaîne de télévision française, que le chef du groupe terroriste à l’origine de l’attentat du Bardo serait algérien. Son ministre de l’Intérieur a abondé dans le même sens, affirmant que ce groupe serait Oukba-Ibn-Nafâa, affilié à al-Qaïda. Or, au lendemain de l’attaque du musée du Bardo, le concurrent Daesh avait revendiqué cet attentat. Le terrorisme, quel que soit le sigle derrière lequel il se drape et quel que soit le pays qu’il frappe, ne saurait trouver de justification, encore moins être traité avec des faux-fuyants.
Transnational, ce phénomène n’a aucune frontière ni aucune nationalité. C’est dans cette optique que le ministre algérien de l’Intérieur a tenté de recadrer le discours distillé ces derniers jours par les dirigeants tunisiens. Tayeb Belaïz, même s’il n’a cité personne, a affirmé jeudi que “le terrorisme n’a pas de nationalité, n’a pas de pays, n’a pas de religion, n’a pas de couleur et n’a pas d’humanisme. Son seul objectif est de tuer et de détruire. Il peut se manifester dans n’importe quel territoire et moi je ne fais pas de différence entre les terroristes, quel que soit leur nom”. Le ministre ne nie pas la présence de terroristes algériens sur le sol tunisien, mais tient à rappeler qu’il existe aussi des terroristes tunisiens, et d’autres nationalités ; même en Europe, il existe des terroristes. Focaliser sur un pays voisin lorsqu’on est frappé par un attentat, aussi spectaculaire soit-il, équivaudrait à lui en imputer la responsabilité, en quelque sorte. Or, entre autorités tunisiennes et algériennes, le courant passe à merveille et la coopération sécuritaire, sur le terrain, pas dans les paroles, est tout simplement exemplaire. La sécurité de la Tunisie est la sécurité de l’Algérie, et vice-versa. Il en est ainsi de la situation en Libye ou au Mali. Cependant, la coopération sécuritaire, à elle seule, ne suffit pas, pour venir à bout de cette menace planétaire. Les politiques doivent, eux aussi, accorder leurs violons et s’engager, sans compromission aucune, dans cet effort transnational en vue de venir à bout de la nébuleuse terroriste.
Publié par Liberté
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