Dans peu de temps, l’État islamique IS, sera la seule menace significative à combattre en Syrie. Mais IS est en train de perdre beaucoup de son énergie (et de son argent) à cause des pertes lourdes subies dans les combats sur plusieurs fronts. Il reste encore un ennemi sérieux et peut encore réserver des surprises. Mais il est douteux qu’il soit une menace pour l’existence du régime et du peuple syrien . Une analyse de la situation en Syrie par Moon of Alabama.
Les États-Unis ont abandonné l’Armée syrienne libre (ASL) dans le nord du paysn selon le centre de recherche américain Stratfor. Une information confirmée par d’autres sources. selon des déclarations faites par des dirigeants rebelles à l’agence de presse américaine indépendante McClatchy, ils ont cessé de financer la plupart des rebelles pro-occidentaux qui combattent dans le nord de la Syrie et ont suspendu les livraisons d’armes. Certains mercenaires de l’ASL qui ne sont plus payés ont rejoint les groupes jihadistes.
Entre 800 et 1000 combattants de groupes rebelles répertoriés par les États-Unis ont déjà rejoint al-Nosra, le groupe affilié à al-Qaïda. L’arrêt du soutien dans le nord est confirmé par d’autres rapports. Autre signe, le nombre de vidéos représentant des rebelles équipés d’armes fournies par les Etats-Unis et postés sur le web. Les États-Unis ont donné des missiles anti-chars TOW aux mercenaires, mais exigeaient le chargement des images sur Internet pour prouver leur utilisation. Les images de TOW ont été mises en ligne par l’opposition en avril (9), mai (16), juin (16), juillet (37), août (35), septembre (44), octobre (58), novembre (26) et décembre (3).
Les États-Unis financent encore quelques groupes de l’ASL à l’intérieur d’Alep, mais ils sont actuellement encerclés par l’Armée syrienne arabe et ne pourront vraisemblablement pas tenir leurs positions. Leur contrôle d’Alep est politiquement symbolique, ce qui explique pourquoi les États-Unis veulent qu’ils le maintiennent. Ce qui explique, aussi, pourquoi l’envoyé des Nations Unies essaye de négocier un cessez-le-feu pour Alep. La Syrie et la Russie jouent le jeu, mais il est vraisemblable que la ville sera complètement dans les mains du gouvernement avant tout arrêt des combats.
Il est, également, intéressant de noter que certains médias « occidentaux » ne montrent plus leur sympathie pour l’ASL et que les atrocités qu’elle commet sont, aujourd’hui, devenues des « informations ».
La position « rebelle » dans le sud, soutenue par les États-Unis via la Jordanie et Israël, est différente. Là-bas, Jabhat al-Nosra mène une attaque contre Damas sous le couvert de l’ASL : pour arriver à encercler Damas, le Front al-Nosra a réussi à poursuivre une offensive simultanée vers le sud de la capitale. L’offensive a abouti à des avancées significatives dans la province de Daraa, y compris la prise d’une base militaire gouvernementale. Daraa se trouve juste à la limite de la province de Damas (Rif Dimashq). Ces avancées sont révélatrices de la préparation d’une offensive à venir à Damas même.
Les mercenaires de l’ASL officielle ont annoncé une nouvelle alliance, mais celle-ci, comme d’autres auparavant, échouera. Les États-Unis savent qu’al-Nosra, al-Qaïda en Syrie, est la force dominante dans le sud et, à la différence du nord, qu’elle soutient des groupes affiliés à al-Qaïda.
L’effondrement quasi total de l’armée « licorne » des modérés de l’ASL a poussé les États-Unis à approcher secrètement al-Nosra avec une proposition de soutien si al-Nosra cesse d’imiter Daech qui massacre ses ennemis quand ils sont faits prisonniers. Ce qui inclut une attitude plus tolérante envers les journalistes américains.
Un léopard ne change pas sa couleur et al-Nosra n’a pas mis fin à ses habitudes. Une vidéo de Sheik Miskeen, une ville à mi-chemin entre la Jordanie et Damas qui est, en ce moment, au cœur des combats dans le sud, montre des soldats syriens morts décapités après la prise par al-Nosra, à l’aide de deux grands véhicules suicide, de la zone de cantonnement militaire.
Le soutien américain à l’offensive d’al-Nosra dans le sud est dirigé par la CIA en Jordanie. Mais les programmes d’entraînement et de soutien abrités par la Jordanie peuvent également s’arrêter rapidement faute de budget.
Le Congrès, du moins, ne soutient plus ces « aventures ». Alors qu’il se battait pour faire voter une loi permettant de boucler le budget annuel du gouvernement, un étrange et significatif article a été jeté à la poubelle : une demande émanant de l’administration Obama de $300 millions pour financer le développement du programme secret d’armement des rebelles syriens « modérés » de la CIA.
On peut s’attendre à ce que les attaques dans le sud soient très bientôt « en panne de carburant ». Les États-Unis savent que ses favoris, l’Armée libre syrienne autant que Jabhat al-Nosra, ne peuvent pas gagner. Évaluant les rebelles syriens soutenus par les États-Unis, une haute personnalité du Département d’État a déclaré que l’opposition armée ne sera pas capable de renverser le régime du président Bachar al-Assad, aujourd’hui ou dans un futur proche, en dépit de l’existence d’un programme du Pentagone d’entraînement et d’équipement de 5000 rebelles par an. Le Pentagone marque le pas volontairement en ce qui concerne ce programme. Il pourrait y être mis fin avant d’obtenir des résultats.
Les seuls ennemis de l’Armée Syrienne arabe présents sur le champ de bataille sont des survivants de l’ASL/Jabhat al-Nosra et de l’État islamique (EI, IS ou Daech). IS n’a rien tiré de ses campagnes dans l’enclave kurde de Kobane. Les Kurdes tiennent leurs positions et bien qu’il soit triste que la ville soit détruite par les combats, l’État islamique perd du matériel et des hommes. Les États-Unis qui soutiennent les Kurdes à Kobane avec quelques attaques aériennes, veulent garder les choses en l’état. L’État islamique a cherché de nouvelles cibles dans l’est syrien et décidé d’attaquer l’aéroport militaire de Deir Ezzor, tenu par l’armée syrienne. Plusieurs vagues offensives avec des attaques suicides et une forte infanterie IS n’ont donné aucun résultat. Deir Ezzor est bien approvisionnée et bien défendue et IS y épuisera à nouveau ses réserves.
Les États-Unis ont abandonné les attaques dans le nord de la Syrie. Dans le sud, son soutien à Jabhat al-Nosra est indéfendable sur les plans politique et moral. Ils devront y mettre fin avant d’attirer davantage d’enquêtes publiques. Sinon, les Républicains du Congrès pourraient considérer ce soutien direct d’al-Qaïda par l’administration comme une « impeachable offense », un délit passible de destitution.
Dans peu de temps, l’État islamique IS, sera la seule menace significative à combattre en Syrie. Mais IS est en train de perdre beaucoup de son énergie (et de son argent) à cause des pertes lourdes subies dans les combats sur plusieurs fronts. Il reste encore un ennemi sérieux et peut encore réserver des surprises. Mais il est douteux qu’il soit une menace pour l’existence du régime et du peuple syrien .
Source : Moon of Alabama