Sponsor des Frères musulmans dans le monde arabe, le premier ministre turc, allié du Qatar, également sponsor de cette confrérie, cherche à se poser comme l’ami des Palestiniens tout en maintenant des relations stratégiques avec Israël, sans oublier de soutenir, non pas en paroles, mais en armes et combattants, les pires terroristes.
La posture pro-palestinienne du premier ministre islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, qui se dresse en champion de la cause palestinienne, et qui verse dans la démagogie en accusant Israël de pratiquer le « terrorisme d’État » en bombardant la bande de Gaza et en perpétrant un massacre parmi ses habitants Palestiniens, ne convainc pas tout le monde. Personne n’ignore que le premier ministre turc cherche, à travers ces surenchères, à régler ses comptes avec le Maréchal al-Sissi, le nouveau président égyptien qui a chassé du pouvoir les Frères musulmans égyptiens.« Jusqu’à quand le monde continuera-t-il de rester silencieux face à ce terrorisme d’État ? », s’est insurgé M. Erdogan lors de son discours hebdomadaire devant les députés de son parti de la justice et du développement (AKP), excluant toute normalisation des relations de la Turquie avec l’État hébreu tant que ce pays poursuivra son « agression » sur Gaza.
« Israël se comporte comme un enfant gâté et apporte la mort sur les Palestiniens », a lancé M. Erdogan, qui, en dénonçant l’« inaction » de l’opinion internationale contre l’opération militaire israélienne qui a fait à ce jour plus de 260 morts, s’est présenté comme le plus loyal défenseur de la cause palestinienne et en particulier du mouvement islamiste Hamas.
« Vous n’êtes jamais seul et vous le serez jamais », a dit le chef du gouvernement turc, insistant que son pays continuerait d’acheminer de l’assistance humanitaire vers la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement palestinien Hamas.
M. Erdogan, candidat donné favori à la présidentielle d’août en Turquie, a en outre affirmé qu’« il n’est pas question de normaliser les rapports avec Israël tant que celui-ci poursuit son agression » contre le Hamas, réclamant aussi la levée du blocus imposé depuis longtemps par Israël contre Gaza.
Le gouvernement israélien a annoncé mardi accepter une initiative de cessez-le-feu proposée par l’Égypte après une semaine de bombardements de Gaza. Le Hamas, qui contrôle l’enclave palestinienne, a pour sa part rejeté toute trêve qui n’impliquerait pas une levée du blocus.
« Le sang d’enfants palestiniens »
M. Erdogan a salué la trêve que le Hamas a rejetée mais estimé qu’« une nouvelle fois le sang d’enfants palestiniens innocents a été versé dans la sale politique du Proche-Orient ».
Enfin, le premier ministre turc s’en est aussi pris à la député israélienne d’extrême droite Ayelet Shaked, qui s’est prononcée en faveur de l’extermination des Palestiniens, affirmant que « cette mentalité n’a rien de différent de celle d’Hitler ».
La Turquie et Israël traversent une grave crise diplomatique depuis l’affaire de l’assaut donné en mai 2010 par des commandos israéliens contre le Mavi Marmara, navire amiral d’une flottille d’aide humanitaire partie pour tenter de briser le blocus israélien de Gaza.
Neuf militants turcs avaient été tués dans l’attaque et un dixième, blessé, était mort à l’issue d’un long coma.
Depuis plusieurs mois, des discussions sont en cours entre Israël et la Turquie pour dédommager les familles des victimes de l’abordage du Mavi Marmara, mais aucun accord final n’a pu encore être annoncé.
La Turquie, acteur régional, poursuivait lundi les contacts diplomatiques en faveur de l’arrêt de la guerre à Gaza.
L’émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, aura ainsi mardi des entretiens à Ankara avec les dirigeants turcs.
Cette visite survient sur fond d’intensification des contacts diplomatiques en vue d’une trêve dans la bande de Gaza, proposée par l’Égypte et rejetée par le Hamas, dont le Qatar est l’un des principaux parrains.
Le président palestinien Mahmoud Abbas doit d’autre part rencontrer vendredi à Istanbul les dirigeants turcs pour évoquer la guerre à Gaza, a-t-on indiqué de source diplomatique turque et palestinienne.
Cette démagogie n’a pas échappé au président syrien Bachar al-Assad qui a raillé les fanfaronnades d’Erdogan dans son discours d’investiture pour un nouveau septennat.
« La politique syrienne n’apprécie pas les fanfaronnades. Celles-ci nous poussent à affronter le monde sans motif et avec témérité, à l’instar de notre frère Erdogan qui veut libérer le peuple syrien de l’injustice et dit qu’il rêve de prier dans la mosquée omeyyade (Damas) mais lorsque survient l’affaire de Gaza, il est tout autre, il est comme un petit agneau qui a besoin du sein de sa mère et n’ose pas dire qu’il souhaite prier dans la mosquée d’Al-Aqsa, à Jérusalem occupée ».