Jean-Marc Ayrault, le ministre étranger aux affaires étrangères de la France, que les électeurs vont heureusement dégager dans quelques semaines, a exprimé dans un tweet à la Trump son « indignation » face à la tenue à Paris d’un colloque consacré à l’interminable tragédie syrienne.
Le colloque intitulé « Syrie : un drame qui ne peut plus durer » était prévu le 11 avril dans une des salles de l’Assemblée nationale, en principe un haut lieu de la citoyenneté et de la liberté d’expression, à l’initiative de plusieurs députés de la droite et du parti socialiste, notamment Thierry Mariani. En l’organisant au sein de l’Assemblée nationale, les initiateurs de ce colloque se croyaient à l’abri des pressions politiques et démagogiques qui étaient parvenues, à plusieurs reprises, à annuler de nombreux colloques sur la Syrie. Comme ceux qui devaient se tenir dans le Mémorial de Caen ou plus récemment dans un amphithéâtre de la Sorbonne. Erreur ! En effet, le gouvernement socialiste moribond a réussi à mobiliser ses sbires pour l’annuler à la dernière minute.
Plus futés que les précédents organisateurs d’autres colloques interdits, le député Thierry Mariani sentant la menace et les intimidations, en pleine campagne présidentielle, avait sollicité l’hospitalité du nouveau Centre culturel russe (dont François Hollande avait boudé l’inauguration il y a quelques mois) pour accueillir cette manifestation. Hospitalité – ou asile politique ?- vite accordée. Au grand dam du pouvoir PS. Cerise sur le gâteau : parmi les intervenants se trouvait un certain Ayman Soussan, le vice-ministre des Affaires étrangères de la Syrie, un francophone et francophile convaincu qui a pu prendre la parole pour dire tout le mal – et la déception – qu’il pense de l’actuelle politique française à l’égard de son pays. Il n’était pas le seul à exprimer un tel dégoût, à commencer par les députés présents notamment le député socialiste Gérard Bapt, et les députés LR Thierry Mariani et Nicolas Dhuicq.
Selon Mariani, très diplomate, « le colloque était prévu depuis deux mois dans une salle de l’Assemblée. Mais après l’annulation la semaine dernière d’une réunion à Bruxelles avec le vice-ministre syrien, j’ai senti qu’il y avait un risque d’annulation du colloque à l’Assemblée. C’est pourquoi il s’est tenu au centre culturel russe de Paris ».
On ne peut que rendre hommage au courage de ces représentants de la nation qui n’ont pas voulu, malgré les pressions et le climat empoisonné de la campagne présidentielle se soumettre au dictat du parti de la guerre.
On « comprend » la rage et la frustration de Jean-Marc Ayrault qui n’a pas pu interdire ce colloque. «Après l’ignoble attaque chimique, des députés LR [Les Républicains] invitent un vice-ministre d’Assad, à Paris, au centre culturel russe. Je suis indigné !», a-t-il tweeté, faisant référence à l’attaque chimique présumée du 4 avril, imputée sans preuves au régime syrien par Washington et de nombreuses chancelleries occidentales.
Au-delà de l’« indignation » surfaite et obscène de M. Ayrault, la Russie, a encore une fois, montré l’hypocrisie et les limites du discours occidentaliste dominant, en donnant l’asile politique aux participants d’un colloque de haut niveau ouvert au débat et appelant à mettre fin au calvaire du peuple syrien. A suivre.
Photos :
– Un panel du colloque « Syrie : une drame qui ne peut plus durer ».
Centre culturel russe de Paris: un espace de débat pour les « censurés » par les néocons français qui continuent à prôner l’escalade en Syrie…