Jonathan Pollard, ancien analyste de la Navy qui espionnait l’armée américaine pour les compte d’Israël, arrêté aux États-Unis et condamné à 30 ans de prison, vient d’être libéré sous condition après avoir effectué la totalité de sa peine. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a demandé sa libération totale à Barack Obama, lors de leur dernière entrevue. En revanche, Georges Ibrahim Abdallah, ancien membre des Fractions armées révolutionnaires (FARL), groupe marxiste pro-palestinien, prisonnier politique en France depuis 32 ans, reste incarcéré dans la prison de Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, sur pression des États-Unis et d’Israël. Il avait été condamné à perpétuité, sans peine de sûreté, pour « complicité d’assassinat » du lieutenant-colonel Charles Ray, attaché militaire des États-Unis, et Yacov Barsimentov, diplomate israélien à Paris. En 2004, la Cour d’appel de Pau avait accepté la demande de libération conditionnelle de ce « prisonnier » modèle. Il n’en a rien été.
En 2012, l’ancien patron de la DST chargé à l’époque, du dossier Abdallah, le préfet Yves Bonnet, réclamait, lui aussi, sa libération et dénonçait une « vengeance d’État ». « Aujourd’hui, presque 30 ans après les faits, je trouve anormal et scandaleux de maintenir encore Georges Ibrahim Abdallah en prison, disait-il dans une interview à un quotidien français. Je considère qu’il avait le droit de revendiquer les actes commis par les FARL comme des actes de résistance. Après, on peut ne pas être d’accord, c’est un autre débat. Mais il faut se souvenir du contexte, aussi, des massacres de Sabra et Chatilah dont les coupables n’ont jamais été punis. Et aujourd’hui, la France garde cet homme derrière les barreaux alors qu’elle a libéré Maurice Papon ? J’aimerais rappeler aussi qu’on a remis en liberté l’assassin de Chapour Bakhtiar, qui lui, sur ordre de l’Iran, avait décapité l’ancien Premier ministre au couteau et lui avait coupé les mains. Ce type-là, qui a commis un crime atroce, a été libéré moins de 20 après les faits. Georges Ibrahim Abdallah, lui, est plus mal traité qu’un serial killer alors qu’il a commis des actes politiques. C’est Paris qui refuse par rapport à ses alliés. Je demande à ce que la justice m’entende dans ce dossier. »
En février 2012, la Cour d’appel de Paris refusait la libération de celui qui est, désormais, « le plus vieux prisonnier de France », la France, patrie de la liberté et de la démocratie, dit-on. C’était la neuvième subir un refus. En 2013, la justice acceptait de libérer Georges Ibrahim Abdallah, Manuel Vals, alors ministre de l’Intérieur, devait rendre un arrêté d’expulsion. Mais la Cour de Cassation annulait la libération conditionnelle au motif que le détenu aurait dû être soumis « à titre probatoire, à une mesure de semi-liberté ou de placement sous surveillance électronique pendant une période d’un an au moins. ».
Le 5 novembre 2014, le tribunal d’application des peines refusait, à nouveau, la mise en liberté, décision confirmée en appel, le 26 février 2015, au motif, cette fois, qu’il n’avait pas fait, au préalable, l’objet d’un arrêté d’expulsion et « qu’il ne regrettait pas les actes pour lesquels il avait été condamné ». Aujourd’hui, Georges Ibrahim Abdallah, 64 ans, bénéficie, en France, de nombreux soutiens, dont la Ligue des Droits de l’Homme. La Justice française doit retrouver son honneur perdu dans cette affaire en refusant les pressions extérieures, et le libérer sans délai.
Légende : Georges I. Abdallah et son avocat Jacques Vergès, lors de son procès à Lyon en 1986.