Huit hommes dans le monde (1) possèdent autant que 3,6 milliards d’habitants de la planète, selon le rapport d’Oxfam présenté le 15 janvier, à l’occasion du sommet de Davos. Ce conclave réunit dans la célèbre station suisse de sports d’hiver l’« élite » économique et politique internationale – représentants des plus grandes multinationales, des puissances occidentales, intellectuels et journalistes médias mainstream… – pour discuter de l’économie du monde. Le rapport, intitulé « Une économie pour les 99 % », dénonce un « fossé entre riches et pauvres plus large qu’on pouvait le craindre ». L’élite du monde des affaires et les « super-riches », dit le rapport, accroissent la crise des inégalités par la fraude fiscale, la baisse des salaires et en utilisant leur puissance pour influencer les politiques.
Oxfam appelle à un « changement fondamental dans la manière de gérer nos économies pour qu’elles servent à tous et pas seulement à quelques fortunés ». « Qu’autant de richesse se trouve dans les mains de si peu d’individus alors qu’une personne sur dix survit avec moins de 2 dollars par jour, c’est obscène ! » a déclaré Winnie Byanyima, directrice exécutive d’Oxfam International. « L’inégalité piège des centaines de millions de personnes dans la pauvreté, elle fracture nos sociétés et porte atteinte à la démocratie. » Selon Oxfam, la pauvreté qui provoque la colère des peuples est un facteur significatif dans l’élection à la tête des États d’hommes comme Donald Trump aux États-Unis ou Duterte aux Philippines, ou encore dans le vote Brexit au Royaume-Uni. « L’inégalité crée déjà des ondes de choc sur la planète », dit le rapport qui précise : « Entre 1988 et 2011, les revenus de 10 % des plus pauvres n’ont augmenté que de 65 dollars par personne, contre 11 800 dollars – soit 182 fois plus – pour 1 % des plus riches. »
Le rapport étudie particulièrement la situation des femmes. Oxfam a mené une enquête auprès d’ouvrières du vêtement au Vietnam qui travaille 12 heures par jour, six jours par semaine, et « se battent pour s’en sortir avec 1 dollar de l’heure, qu’elles gagnent en produisant pour certaines des plus grandes marques de la confection dont les PDG sont les mieux payés au monde ».
La fraude fiscale représente une perte d’au moins 100 milliards de dollars chaque année pour les pays pauvres. Ce qui équivaut, selon Oxfam, à un budget « éducation » pour 124 millions d’enfants, ou « santé » qui pourrait éviter la mort de 6 millions d’enfants quotidiennement. Le rapport explique comment les super-riches utilisent un réseau de paradis fiscaux pour éviter de payer les taxes, et une « armée de gestionnaires de richesse pour garantir les retours sur investissements » qui ne sont pas à la portée d’épargnants ordinaires. En outre, Oxfam révèle que nombre de super-riches ont hérité de leur richesse, ou l’ont accumulée, grâce à des industries sujettes à la corruption ou au népotisme.
L’association, qui appelle les dirigeants politiques et des multinationales à jouer leur rôle « dans la construction d’une économie humaine », a lancé la campagne mondiale Even It Up (www.evenitup.org). Mais ce que n’explique pas Oxfam, qu’une telle accumulation de richesses dans les mains d’une minorité, cela s’appelle le capitalisme. Et il faudra plus qu’une pétition internationale pour y mettre fin !